Les lames sens dessus dessous
L'Amoureux : le choix judicieux n'est pas celui qu'on croit :
L'arcane de l'Amoureux, sixième carte du Tarot de Marseille, est souvent interprétée comme une carte des choix et de la dualité. On y voit un homme debout entre deux femmes, incertain, incapable de décider laquelle choisir. Cependant, réduire cette carte à une simple question de décision amoureuse serait passer à côté de son véritable sens profond. L'Amoureux symbolise bien plus que cela : il incarne un processus intérieur de décision, où le choix extérieur n'est que le reflet du chemin vers soi-même.
L'homme au centre est visiblement tiraillé entre deux femmes. Chacune représente un aspect de la vie et de ses défis. La première femme, souvent située à sa gauche, est jeune, lumineuse, et pourrait symboliser l'amour passionnel, la spontanéité, ou encore les désirs charnels et les envies immédiates. Elle attire par sa vitalité et son magnétisme.
La seconde femme, à droite, est plus mature, parfois représentée comme plus sévère. Elle incarne la sagesse, la stabilité, les choix raisonnés qui demandent réflexion et responsabilité. Son rôle est celui d'une figure maternelle ou mentorale, guidant l'homme vers une voie plus structurée et réfléchie.
Le jeune homme, dans sa confusion, regarde les deux avec hésitation, ne sachant quel chemin prendre. Va-t-il céder à l'impulsivité de la jeunesse et des passions éphémères, ou suivre la voix de la raison, du devoir et de l'engagement à long terme ?
L'erreur souvent commise lors de l'interprétation de l'Amoureux est de croire que le dilemme réside dans le choix entre ces deux figures féminines. En réalité, cette carte ne parle pas du choix d'une personne ou d'une autre, mais du choix de soi. Le véritable sens caché de cette lame est que l'Amoureux doit se choisir lui-même avant tout. Le cœur du message est que la décision la plus importante est celle qui est en accord avec son être intérieur, ses désirs profonds, et sa vérité authentique.
Se choisir soi-même, c'est reconnaître que les décisions de vie ne doivent pas être dictées par des influences extérieures, mais par ce qui résonne avec notre cœur et notre âme. C'est un acte d'autonomie et d'amour-propre. Ce choix n'est pas une renonciation à l'autre, mais plutôt un alignement avec ses aspirations personnelles. En écoutant son cœur, l'Amoureux découvre que choisir n'est pas renoncer, mais embrasser ce qui est le plus vrai pour soi.
Au sommet de la carte se trouve une figure céleste, un petit ange, souvent interprété comme Éros, le dieu de l'amour et du désir dans la mythologie grecque, souvent assimilé à Cupidon dans la tradition romaine. Cette représentation est essentielle pour comprendre la profondeur de la carte.
Éros est associé à l'amour, à la passion, et à l'attraction irrésistible. Sa présence au-dessus de la scène indique que le choix de l'Amoureux doit être guidé par l'amour, non seulement l'amour romantique, mais aussi l'amour de soi et de son propre chemin. La flèche qu'il s'apprête à tirer est dirigée vers le personnage central, l'Amoureux lui-même, ce qui signifie que l'amour dont il est question ici est d'abord une quête intérieure. Éros n'arme pas sa flèche pour inciter à choisir entre les deux femmes, mais pour rappeler que l'amour véritable vient de l'intérieur.
Cette flèche n'est pas une menace, mais plutôt une invitation à se connecter avec ses désirs les plus profonds. Éros symbolise ainsi l'appel du cœur, le guide invisible qui pousse l'Amoureux à choisir non pas en fonction des pressions extérieures, mais en fonction de son propre ressenti.
L'Amoureux, en fin de compte, ne nous enseigne pas comment choisir entre deux chemins extérieurs, mais comment s'aligner avec soi-même. Le dilemme apparent entre ces deux femmes symbolise les diverses influences et directions que la vie nous offre. Cependant, la carte révèle que le seul véritable choix est celui qui respecte notre essence. Ce choix est guidé par l'ange, qu'on le voit comme Éros, et nous pousse à écouter notre cœur, à nous affirmer et à nous choisir nous-mêmes avant tout.
Agatha Christie, quand l'ordre et le désordre riment avec créativité.
Avec quelques amies, nous avons travaillé sur une configuration à l'étude dans le Référentiel de Naissance©. Cette configuration se repère par la présence de l'arcane XV, le Diable et de l'arcane III, L'Impératrice.
Agatha Christie est une auteure que j'ai découverte très jeune et dont j'ai lu toutes les œuvres avec enthousiasme. Le travail sur la configuration "Ordre/Désordre" m'a donné l'opportunité de me reconnecter à elle. Je vous propose donc de me suive dans la narration de quelques épisodes retentissants ou banals de sa vie qui conjuguent "le plaisir de la raison et le délice de l'imagination".
Agatha Christie nait le 15 septembre 1890. Dans son RN, la configuration « Ordre / Désordre » est représentée par trois Diables, en maisons 1, 9 et 4 et une Impératrice en maison 12. Notons un Diable en transit en 1899, 1908, 1917, 1926, etc. Il s'agit donc d'étudier comment la configuration « ordre et désordre » s'est déclinée dans la vie d'Agatha Christie à travers les thématiques identifiées dans un précédent article.
1. L'aspect d'un mental très fort se caractérise par une volonté de contrôle hors du commun. Agatha Christie fait des études scientifiques qui lui permettront d'aiguiser son esprit méthodique et rigoureux et qui faciliteront sa propension à concocter des intrigues complexes et efficaces.
Au début de sa vie d'adulte, elle passe beaucoup de temps à se chercher un époux bien sous tous rapports car cela fait partie d'une de ses priorités. Après plusieurs mois de « chasse au mari », elle rencontre Archibald Christie, un aviateur séduisant, qu'elle épouse le jour de Noël 1914.
Alors qu'elle est très affectée par la mort de sa mère et mariée depuis 12 ans, en 1926 (Maison 8 : Diable) son mari la quitte. Agatha Christie disparaît subitement. Sa voiture est retrouvée abandonnée près d'un étang et les hypothèses fusent : suicide, meurtre ou coup de publicité ? La romancière est retrouvée douze jours plus tard dans un hôtel où comme par hasard, elle a pris le nom de la maîtresse de son mari. Elle prétend ne se souvenir de rien et le mystère de cette disparition ne sera jamais révélé. Il ne serait pas étonnant, compte tenu de son goût pour les intrigues, que la romancière ait organisé sa propre disparition pour se venger de l'infidélité de son mari et en même temps promouvoir le livre qu'elle venait de publier. Les ventes de celui-ci augmenteront fortement.
Elle a aussi voulu contrôler sa notoriété en prenant un pseudo (Mary Westmacott) et en écrivant des romans sentimentaux. Et surtout, elle écrit en 1941, les deux derniers romans mettant en scène Hercule Poirot et Miss Marple qu'elle fait mourir pour éviter que quiconque puisse se resservir de ses deux héros. Elle enferme les deux ouvrages dans un coffre jusqu'à sa mort, avec l'instruction de les donner à son mari et sa fille pour les laisser à l'abri du besoin. Le diable est dans les détails comme on peut le constater !
2. Ordre et désordre :
Dans la vie de tous les jours, Agatha Christie conjugue l'ordre que l'on peut associer au « plaisir de la raison » (un métier concret en tant qu'infirmière, puis assistante chimiste en enfin pharmacienne) et le désordre « le délice de l'imagination1 » (carrière littéraire : poésie, romans policiers, sentimentaux et même au début de sa vie des nouvelles qui témoignent de son intérêt, hérité de sa mère, pour le spiritisme). Elle aurait aussi pu être chanteuse, mais trop timide, elle prendra la plume.
Florence Monteil la qualifie à travers toute une série d'adjectifs antithétiques qui vont bien dans le sens d'un ordre désordonné ou d'un désordre ordonné : « logique et retorse, raffinée et cruelle, fleur bleue et jalouse, bourgeoise et revancharde, voyageuse et cocardière », Agatha Christie a eu « de grands bonheurs et de grands malheurs ».
Elle rencontre son deuxième mari, l'archéologue Max Mallowan, de 15 ans son cadet, avec qui elle se marie en 1930. (Maison 8 : Roue de Fortune). Elle participe activement aux fouilles, fait les inventaires des pièces découvertes et les restaure elle-même. Elle s'occupe aussi du ravitaillement du camp où elle contribue à la convivialité et à la quiétude.
3. Le désordre créateur :
Ce désordre créateur se manifeste surtout par son œuvre littéraire abondante. Agatha Christie figure d'ailleurs dans le Livre Guinness des records de vente : elle a écrit 66 romans policiers, 150 nouvelles et 18 pièces de théâtre. Environ 4 millions de livres par an, se vendent encore dans le monde et elle est l'auteur la plus traduite dans le monde. Son surnom, la « Reine du crime », rend hommage à son talent et à son imagination féconde. Elle a écrit Loin de vous ce printemps, en seulement deux jours !
Ses romans se déroulent la plupart du temps dans un cadre fermé ce qui permet au lecteur de jouer au détective. Elle distille savamment les indices et même si la plupart du temps, le coupable est justement celui qui a l'alibi en béton (désordre qui va ramener l'ordre), le lecteur ne boude pas son plaisir et est happé par ses intrigues. Grâce à elle, le genre policier évolue : elle n'hésite pas à bouleverser certaines règles notamment édictées par Ronald Knox2. Par exemple, dans le roman intitulé Le meurtre de Roger Acroyd, elle transgresse une règle qui stipule que le narrateur ne peut pas être le coupable.
4. Le rejet :
Si Agatha Christie a pu vivre le rejet, c'est surtout dans le fait que son premier roman ait été rejeté par 6 maisons d'édition et aussi par le fait que son mari l'ait quitté pour une autre femme, même si on peut davantage voir dans cette expérience la blessure d'abandon (maison 5).
Pour conclure on peut faire référence à son épitaphe qui souligne son goût pour l'antithèse. Il s'agit en fait d'une citation d'Edmund Spencer :
« Tant de repos après tant de labeur,
Havre de paix après les jours de tempête
Trêve bénie succédant à la guerre
La mort est douce après notre vie si âpre. »
Pour finir, il semble que cette configuration ait bien aidé Agatha Christie à se dépasser et à ouvrir une nouvelle voie dans un genre qu'elle maîtrise tout aussi bien que sa vie.
Notes
1. Paul Claudel : « l'ordre est le plaisir de la raison, le désordre le délice de l'imagination »
2. Le Décalogue de Knox est une série de 10 lois rédigées par Ronald Knox pour codifier les intrigues des nouvelles et romans policiers.
Bibliographie :
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Agatha_Christie
https://www.franceculture.fr/personne-agatha-christie
- https://www.notretemps.com/loisirs/livres/agatha-christie-sa-vie-est-un-roman-16324
- https://www.rtl.fr/culture/medias-people/la-vie-apres-la-mort-agatha-christie-et-drones-dans-la-curiosite-7781455158
Maison Dieu, Danaé, Sainte-Barbe et Raiponce :
Suite à un rêve que j'ai fait, je me suis dit qu'il était temps que je parle de la Maison Dieu et des textes en rapport !
Commençons par le conte de Raiponce. L'héroïne est, en effet, enfermée dans une haute tour à l'âge de 12 ans (âge de la maturité sexuelle) par la sorcière qui s'occupe d'elle depuis sa naissance.
Ce conte s'inspire de plusieurs sources. D'abord, la légende de
Sainte-Barbe que son père aurait enfermée dans une tour à deux fenêtres
car elle refusait de se marier avec l'homme qu'il lui destinait.
Ensuite
le mythe de Danae, emprisonnée dans une tour d'airain, car on avait
prédit à son père qu'il serait tué par son petit-fils.
Dans ces
histoires, il s'agit d'éloigner les jeunes femmes des hommes et de les
rendre pour ainsi dire, intouchables. Seule Sainte Barbe reste intouchée
même si elle s'unit symboliquement au Christ en se faisant baptiser et
en devenant chrétienne. C'est un prêtre déguisé en médecin qui la
convertit.
Danaé, à l'instar de Ste-Barbe, s'unit à un autre dieu, Zeus, qui se présente à elle sous la forme d'une pluie d'or. Dans ces deux récits, les femmes ont un rôle plutôt passif car ce sont les hommes qui s'introduisent (lol) jusqu'à elles. Raiponce, est plus moderne, car elle déplie sa longue chevelure pour permettre au prince d'accéder jusqu'à elle dans sa haute tour. Elle prend donc davantage sa vie entre ses mains, ou devrais-je dire, dans ses cheveux, symbole de vitalité et de sexualité.
Dans tous les cas, la Maison Dieu évoque un enfermement (tour d'ivoire) dans lequel on peut être jeté à notre insu ou de notre plein gré puisqu'on peut s'y complaire pour échapper à nos peurs, comme par exemple, celle d'être touchée émotionnellement, psychologiquement et/ou physiquement.
On peut
observer sur la lame de tarot qu'il y a trois fenêtres (rappelons que
Sainte-Barbe a percé dans sa tour une troisième fenêtre qui représente
la sainte-trinité) et pas de porte (sauf sur la version des tarots
revisités par Jodorowski).
Alors par où s'échappe-t-on ? Ben par la haut, surtout si on n'a pas de longs cheveux ! Et comment ? en faisant exploser nos cuirasses, nos croyances et en sortant de nos enfermements mentaux. Après cela, il n'y a plus qu'à se connecter à son soi supérieur : d'ailleurs, n'aperçoit-on pas le chakra couronne qui sort de la tour en parallèle au panache ? La maison dieu peut également nous inviter à nous ouvrir à l'amour même si on a été tenté de s'en protéger. C'est ce que fait Raiponce et même si cette ouverture lui engendre des déboires, elle en sortira grandie et trouvera le bonheur auquel elle aspire.
Pour conclure, notons que le prénom de Raiponce est un homophone de " réponse", ce qui supposerait qu'à toute question, il y a une réponse. Celle-ci peut jaillir de nous, pour peu qu'on accepte de sortir de nos 4 murs. Signalons que la maison dieu est associée au chiffre 16, carré de 4.
Le petit Poucet : le défi du Bateleur ?
Je vous propose de revisiter le tarot à travers quelques contes de notre enfance, en commençant par l'analogie entre Le Petit Poucet et Le Bateleur. Ce dernier, premier arcane majeur du tarot, nous montre un jeune homme devant une table où sont disposés divers objets. Ces outils symbolisent les potentiels bruts de l'individu, et son apprentissage consiste à savoir s'en servir pour prendre sa place dans le monde. Le Bateleur incarne l'ingéniosité, l'expérimentation et la découverte de soi à travers l'action et l'expérience.
Le Petit Poucet, un Bateleur en devenir...
Le Petit Poucet, héros du conte de Charles Perrault, est le septième enfant d'une famille de bûcherons. Dans le folklore, le septième fils est souvent doté d'un potentiel magique, comme en témoigne son homologue littéraire dans Alvin le Faiseur d'Orson Scott Card.
Poucet est décrit dès le début comme faible : «le plus jeune», « guère plus gros que le pouce» et « fragile ». Sa petite taille, son silence, et la manière dont il est perçu par sa famille – comme un enfant insignifiant – forment un contraste frappant entre ce qu'il est et l'idée qu'on se fait de lui. Le conte montre comment il va renverser ces préjugés pour se révéler pleinement, à la manière d'un arcane du tarot qui cache une richesse insoupçonnée sous une apparence simple.
- Première compétence : l'écoute (Le Pape)
Dès les premières pages, le conte met en avant une qualité fondamentale de Poucet : son sens de l'écoute. Il perçoit les vérités cachées, un talent lié à l'arcane du Pape, représentant la transmission et la compréhension de savoirs subtils. Alors que ses parents complotent en secret de les abandonner, Poucet les entend : il « ouït tout ce qu'ils dirent [...] et s'était glissé sous l'escabelle pour écouter sans être vu ». Cette capacité d'écoute, renforcée lors de la seconde décision d'abandon où il les entend à nouveau, lui permet d'anticiper et de sauver ses frères, comme le Chariot qui maîtrise les événements grâce à une vision claire.
- Deuxième compétence : l'ingéniosité (Le Diable, La Roue de Fortune, La Force). L'ingéniosité de Poucet correspond à la capacité du Diable à exploiter les ressources disponibles de manière opportuniste. Dans le conte, Poucet fait preuve de créativité et d'adaptabilité, que ce soit en ramassant des pierres blanches pour marquer le chemin, ou en utilisant des miettes de pain lorsque les portes lui sont fermées. Lorsque cela échoue, il grimpe au sommet d'un arbre pour repérer une lumière au loin, symbolisant la Roue de Fortune, qui tourne en sa faveur grâce à son inventivité. Enfin, c'est La Force de son esprit, et non celle de son corps, qui l'aide à voler les bottes de sept lieues de l'Ogre et à tromper ce dernier.
- Troisième compétence : la parole (L'Impératrice et Tempérance). Le Petit Poucet, malgré sa nature silencieuse, use de sa parole de manière décisive. Il sait rassurer ses frères lorsqu'ils sont abandonnés : « Ne craignez point, mes frères [...] suivez-moi seulement », incarnant l'autorité bienveillante de L'Impératrice. Sa parole devient également un outil de persuasion puissant lorsqu'il convainc la femme de l'Ogre de les protéger. Plus tard, chaussé des bottes de sept lieues, il utilise son esprit imaginatif (La Lune) pour inventer un mensonge habile, obtenant l'or et l'argent de l'Ogre.
- Quatrième compétence : l'observation et l'anticipation (La Lune, Tempérance, La Roue de Fortune) L'observation fine de Poucet fait écho à Tempéranc* et à l*intelligence intuitive de La Lune. Lorsqu'il remarque que les filles de l'Ogre portent des couronnes d'or, il les échange discrètement contre les bonnets de ses frères, assurant ainsi leur survie. Ce stratagème montre sa capacité à anticiper les dangers et à les déjouer en toute discrétion.
- Cinquième compétence : le courage et la persévérance (La Force, L'Hermite). Tout au long de l'histoire, Poucet fait preuve d'un courage exceptionnel, guidant ses frères hors du danger avec la persévérance d'un Hermite. Lorsque l'Ogre est endormi, il prend les bottes de sept lieues sans trembler, montrant qu'il surmonte ses peurs et persiste malgré les difficultés.
- Sixième compétence : l'esprit de solidarité et d'engagement (Le Monde, Le Soleil). À chaque étape, Poucet agit non seulement pour sa propre survie, mais aussi pour celle de ses frères. Le Monde et Le Soleil illustrent cette dimension humaniste et généreuse : loin de chercher la vengeance ou l'égoïsme, il partage ses gains et assure la prospérité de sa famille. Il se distingue par un sens du dévouement, incarné par **Le Pendu**, et une humanité lumineuse.
En conclusion : le voyage initiatique du Bateleur :
Comme Le Bateleur, Le Petit Poucet passe par une série d'expériences qui l'amènent à révéler ses talents et à construire son identité. À travers ses actions, il déconstruit l'image que les autres ont de lui et accède à un niveau supérieur de conscience. Au terme de l'histoire, il incarne Le Jugement et Le Monde : un être éveillé, accompli, qui n'a plus besoin de guide pour tracer sa propre route. Comme **Le Mat**, il ouvre de nouvelles voies, prêt à affronter l'inconnu avec une maîtrise intérieure totale.
Oedipe et la question de la fatalité
Le mythe d'Œdipe illustre magnifiquement le caractère tragique du destin et soulève une question essentielle : si nous sommes dotés de libre arbitre, pourquoi tant de récits mythologiques, dont celui-ci en particulier, semblent-ils démontrer le contraire ?
I. Le mythe d'Œdipe, reflet de l'inéluctable :
Tout commence avec une prédiction de l'oracle de Delphes : Laïos et Jocaste apprennent que leur fils tuera son père et épousera sa mère. Pour échapper à ce destin, ils décident de l'abandonner, le suspendant à un arbre dans la nature.
Adopté et élevé par le roi et la reine de Corinthe, Oedipe ignore tout de ses origines. Une insulte le pousse à douter de ses racines et le mène à consulter l'oracle.
Sur son chemin et dans la précipitation, Œdipe tue un vieil homme dans une dispute, ignorant qu'il s'agit de son père. Plus tard, en résolvant l'énigme de la Sphinge, il devient roi de Thèbes et épouse Jocaste, accomplissant ainsi la prophétie dans son intégralité. Ce récit tragique illustre bien une mécanique implacable : chaque décision d'Œdipe semble le rapprocher inexorablement de son destin.
II. Deux interprétations du destin :
1. La fatalité est inexorable :
Œdipe incarne la puissance implacable du destin : il semble pris au piège de forces supérieures qui le dépassent. Chaque tentative pour échapper à son sort ne fait que l'y enchaîner davantage.
2. L'homme est victime de ses croyances :
Une lecture humaniste du mythe suggère que ce n'est pas le destin qui dicte les événements, mais les croyances et les actions des personnages. En suivant aveuglément la prophétie, en abandonnant leur enfant, Laïos et Jocaste ne font que créer des conditions optimale pour que le destin se réalise. Ignorer l'oracle aurait pu changer leur histoire. Éduquer leur enfant, prendre leurs responsabilités et ne pas se fier à des prédictions aurait pu conduire à un tout autre destin. Cette histoire ne nous enseignerait-elle pas que les tragédies humaines naissent aussi de peurs et des convictions limitantes ?